J’ai peur des chiens. Un peu.
La gent canine, c’est pas trop ma tasse de thé. Surtout quand on est facteur, joggeur ou marcheur et qu’on a vécu quelques épisodes canins rocambolesques.
Avec ces histoires médiatisées de chiens affamés qui se sont payé des lunchs humains dans les derniers mois, je me tiens sur mes gardes quand je cours. Comme les cueilleurs de bleuets sont à l’affût des ours en forêt, moi je dresse mes antennes pour dépister les chiens-amateurs-de-mollets.
Un matin, un autre joggeur et moi courrions dans un parc de Québec. Des chiens, nous en avons croisés quelques-uns, en laisse et tout près de leur maître. Mais le dernier qui s’est trouvé sur notre chemin appartenait à la race des mastodontes et avait la laisse bien lousse et bien longue. Il gambadait nonchalamment, éloigné de son propriétaire d’au moins quatre à cinq mètres. Nos beaux mollets alléchants étant tout à fait à sa portée, une légère inquiétude s’est emparée de nous : «Vous devriez raccourcir votre laisse, monsieur!
-Heille ! Vous capotez, vous autres, avec ces histoires dans les médias. Mon animal, je le connais, il est correct. Il ne vous sautera pas dessus!
-On a quand même le droit d’avoir peur des chiens, monsieur…»
Le maître aurait dû acquiescer et poursuivre son chemin. Mais il s’est entêté à défendre sa bête, prétextant que nous étions moins civilisés qu’elle. Nous avons eu affaire un maître hargneux, sans doute parce que nous n’étions pas les premiers à craindre la réaction de son chien et à le lui mentionner.
Vous, monsieur le maître, vous l’aimez, votre chien. Vous avez sans doute payé le prix fort pour l’acquérir, vous le connaissez depuis longtemps et ne pouvez l’imaginer grugeant un bras humain. Et sans doute se contentera-t-il toute sa vie de ses croquettes alléchantes. L’avenir le dira.
Mais dans le présent, moi, je ne la connais pas, votre bête. Et j’ai peur (un peu) de tous les chiens, car ils peuvent être imprévisibles. Comme certains humains d’ailleurs. Alors oui, j’aimerais bien que vous la raccourcissiez, sa laisse, monsieur. Pour me rassurer. Chez vous, dans votre cour, vous pourrez le laisser libre, votre toutou. Mais pas en présence de gens dans un parc, en ville ou dans un sentier fréquenté. Parce qu’une laisse de plus de deux mètres, ce n’est généralement pas permis, et c’est tout comme laisser votre chien déambuler tout à fait librement.
Ces histoires médiatisées de chiens, elles sont bien dommages, mais bien réelles. Faut s’attendre à ce que les propriétaires de chiens doivent redoubler de prudence, même si leur bête est la meilleure au monde à leurs yeux. Pour acheter la paix, au moins.
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