C comme célibataire

juillet 2018

Tu te retrouves célibataire. Au beau milieu de ta vie.

Ton ex t’a peut-être trompée, ça t’a fait tellement mal que tu devais partir en courant pour te guérir. C’est peut-être toi qui l’a trompé, et il t’a quittée… Ou bien il te faisait du mal, et la violence, toi, c’est pas ta tasse de thé. T’as bien fait de déguerpir. Ton ex, tu l’aimes peut-être encore, mais un élément dans votre couple était devenu insoutenable, alors avant de vous déchirer, vous avez choisi de ne pas vous enliser et de vous laisser partir. Ça, ça déchire! Plus simplement, l’amour n’était peut-être plus au rendez-vous entre vous deux, et plutôt que de vous enliser, vous avez choisi d’en finir.

La raison de votre séparation est louable, incompréhensible, soudaine, douloureuse… Le résultat est le même: tu te retrouves célibataire. Au beau milieu de ta vie.

Et ça te fait peur parce que toi, le célibat, tu connais pas. Ou t’as trop connu cet état. Et t’as l’impression de devoir tout recommencer.

Au début, c’est la chute libre. Ton lit est grand, son odeur n’y est plus (faut bien que tu laves tes draps un jour ou l’autre). Tu remarques tous les endroits où vous êtes allés (en fait, tu ne remarques que ceux-là). Les chansons que vous écoutiez, le gars de la radio semble les faire jouer en boucle. Et ça fait mal. Tu pleures chaque jour en repensant à tous ces moments magiques que tu as vécus avec lui, avec elle. Tu imagines tous ceux que tu aurais pu vivre dans l’avenir, votre avenir. Mais voilà, le mot futur, avec un déterminant qui vous est commun, il n’existe plus. Et tu pleures encore. Si tu ne pleures pas des larmes, tu pleures par en dedans, t’es devenue aigrie, t’a même peut-être maigri. Tu ne dors plus. Parce que tu penses. Penses à ce qui a été, à ce qui aurait pu être, à ce à quoi ressembleras ton avenir. Tu ne t’imagines pas sans lui ou sans elle.

Et là, tu fouilles au plus profond de toi et tu retrouves ce qui te causait un malaise ou un inconfort dans cette relation. Et tu focusses là-dessus pour éviter de penser aux beaux moments. Tu sais qu’il ne faut pas y retourner, avec l’autre: les gens ou les situations ne changent pas par magie, toi non plus d’ailleurs. Et tu fais aussi partie de la raison de la séparation, même si tu penses que t’as rien fait de mal. Tu penses à ce côté désagréable, parfois douloureux de ta relation, et ça te motive à continuer de marcher vers ton futur. Ton futur qui te fait peur, qui t’attend avec tout ce qu’il a de plus beau à t’offrir. Mais ce futur, il vient avec le changement, et t’étais peut-être pas prêt à le vivre. Tu l’as pas nécessairement choisi. Il t’oblige à sortir de ta zone de confort, et t’en avais pas envie. T’étais bien, généralement, dans tes vieux souliers.

Là, tu réalises que les gens te jugent peut-être (elle doit avoir un problème ou quelque chose à régler pour être encore célibataire à son âge! Elle est trop difficile, son ex était tellement…!). Tu sors dans un bar, un soir, avec des amies, et les gars pathétiques qui t’approchent te donnent envie de pleurer. Parce que toi, c’est pas ce genre de gars que tu souhaites pour ton futur. Mais où le trouver, ce partenaire que t’idéalises? Sur les sites de rencontre? Ouf! Là aussi, y a de tous les genres. Y a ceux qui laissent leur fiche (par oubli ou non) et qui sont maintenant non disponibles ou qui ne voulaient pas vraiment s’investir, finalement. Y a ceux qui se croient à l’épicerie et qui font leur liste de la femme parfaite à laquelle tu ne ressembles pas (ni personne, d’ailleurs),  y a ceux qui pensent encore à l’autre d’avant, y a ceux qui croient que tu accourras vers eux parce que, de toute façon, pour être sur un site de rencontre, tu dois être pas mal désespérée.

Et ça te désespère.

Là, tu t’imagines que ton ex est en train de faire la même chose que toi. Et t’as un pincement. Mais à ce moment, tu remarques que tu ne pleures plus.

T’as digéré la réalité qu’une nouvelle vie t’attend. Ça t’aura pris des semaines, des mois, des années, t’as aucun contrôle là-dessus. Mais t’as survécu, et c’est pas si pire que ça. T’as toujours pas rencontré ton prince charmant, mais t’es bien avec toi-même, tu fais ce qui te tente, quand ça te tente, avec qui ça te tente. Oui, ton lit est encore bien grand, tu préférerais partager ce plat de tartare et cette bouteille de vin avec un autre, mais c’est avec toi que tu soupes ce soir. Tu le mérites bien, faut que tu célèbres cette nouvelle femme que tu es dorénavant. Cette autre femme sans lui.

Et là, t’es prête à accueillir ce qui sera pour toi.