Samedi matin. Je viens de me lever, il est 9h30.
C'est très tard quand je sais que je voudrais faire un million de choses dans ma journée. Mais pas le choix, j’avais les piles à plat, la fatigue s’était emparée de mon corps. Mes ados, elles, dorment encore.
Quand mes enfants étaient jeunes, je faisais quoi? Fallait bien que je sorte de mon lit plus tôt, fatiguée ou pas. Épuisée ou pas. Brûlée ou pas. Pour moi, le manque de sommeil, c’est catastrophique. Je me sens lourde, au ralenti, émotive, impatiente, complètement perdue et non fonctionnelle. Relever de fatigue ou relever d’un trop plein d’alcool, c’est la même chose. Mes enfants ont dû me trouver bien moche ces matins où je devais me lever pour elles alors que mon lit m’aurait fait le plus grand bien.
Comment ai-je survécu à ces années de maman-de-jeunes-enfants-dépendants?
J’ai survécu grâce à l’égoïsme. Oui, je suis une maman égoïste et je l’assume tellement!
Le meilleure conseil que ma mère m’ait donné au moment où j’ai eu ma première fille, c’est: N’oublie jamais que tu n’es pas juste une mère, maintenant. Faut absolument que tu prennes du temps pour toi et pour ton couple.
Je ne me rappelle d’aucun autre de ses conseils, si elle m’en a donnés. Mais celui-là, je l’ai appliqué dès le début. Si ma mère le dit, c’est que ça doit être vrai. Voilà ce que je me répétais pour me sentir bien avec cette nouvelle devise de jeune maman-qui-veut-survivre-au-tsunami-de-la-maternité.
Parce qu’on se sent facilement coupable si on ne ressemble pas à la maman de Caillou et si on ne fait pas tout comme la super-maman-parfaite-des-temps-modernes-qui-s’oublie-totalement-pour-tout-donner-à-son-enfant.
Alors je me suis gardé des moments pour moi. Non négociable. Obligatoire. C’est écrit dans l’agenda, pas le choix. Sinon j’aurais croulé.
J’ai fait garder deux fois par semaine pour aller m’entraîner. Pas longtemps, mais suffisamment pour que je ne sente plus que je me donnais tout entière à ma progéniture sans me garder un peu de ce moi d’avant. Ce moi qui aime bouger, se dépasser. Et à partir d’une heure X, couchées ou pas, les enfants ne pouvaient plus occuper mon temps. C’était le temps des grands. Pas de jeux, pas de j’ai soif, je m’endors pas, je peux me lever? Le weekend, la maman-qui-joue-sans-arrêt-avec-la-marmaille se déconnectait quelques heures. Là, c’est mon heure de lecture. Si tu veux rester à côté de moi, tu fais la même chose. On lit en silence jusqu’à ce que la grande aiguille soit sur le 12. Et si t’en as assez, tu vas jouer à t’occuper toi-même ailleurs.
C’était MON temps. Et elles s’y sont habituées.
Et pour les tâches ménagères, on a fait du travail d’équipe. Parce qu’un parent, ce n’est pas une femme de ménage. On salit ensemble, on ramasse ensemble. Et ça leur montre comment faire en même temps. Ça leur fait prendre conscience que quand on fout le bordel, on a le devoir de ramasser après. Mes filles l’ont foutu, le bordel! Elles en ont sorti, des couvertures pour faire des maisons dans la cuisine. Mais chaque fois je leur demandais de ramasser. C’était pas toujours la joie, mais je ne le faisais pas à leur place. On le faisait ensemble. Parce que mon temps, il est précieux, je ne voulais pas le dilapider à ramasser tout ce que mes enfants laissaient derrière elles.
Encore une fois, elles s’y sont habituées. Et elles ne m’en veulent pas aujourd’hui!
Parfois, même, quand j’étais plus maussade, elles faisaient des tâches à ma place en secret pour me faire plaisir ou me renvoyaient à ce que j’aimais: Vas donc faire des bijoux, maman! Tu n’as rien à lire? C’est quand, ton entrainement, t’es due!
Elles ont fait le lien entre mon bien-être et le fait que je prenne du temps pour moi sans culpabilité. Être parent, c’est pas juste un don de soi, un oubli de soi, un temps dur à passer. C’est notre vie qui change du tout au tout, pour toujours. Et si on ne sait pas garder une petite place à la personne qu’on est vraiment, y a quelque chose qui casse, qui fout le camp. Parfois, c’est notre paix d’esprit, c’est soi-même. Un enfant, c’est du bonheur plein la gueule. Mais ça vient avec le reste: les horaires, la fatigue, la patience à bout, les obligations, les rêves d’adultes repoussés pour un moment. Faut tout amalgamer pour garder un équilibre.
Faut être égoïste. Et je suis fière de l’être!
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