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Photo du rédacteurRoxanne Harvey

I comme Imaginez...

Dernière mise à jour : 5 avr. 2023


Le 9 octobre, Chicago accueillait des milliers de marathoniens, qu'elle a mis au défi de courir les 42,2 kilomètres au bord du lac Michigan et entre ses joyaux architecturaux. J'aurais tellement aimé y être!


J'ai déjà couru deux marathons et une dizaine de demi-marathons. J'ai connu la folie de l'inscription, la fébrilité de la prise de possession du dossard, l'énervement de la veille de la course, et l'énergie folle du départ. Je me rappelle les objectifs fixés pendant les entrainements, les doutes au milieu du parcours, la volonté d'abandonner aux deux-tiers du trajet, les pensées d'un bain chaud à l'approche de la fin. Je me suis nourrie du sentiment d'accomplissement, de la fierté, des larmes de soulagement d'avoir enfin terminé cette épreuve que je m'étais moi-même infligée (et pour laquelle j'avais payé l'inscription, l'essence pour se rendre, la chambre d'hôtel la veille, les repas au restaurant et les bas de compression).


Mais voilà, je ne participe plus à ces événements.


Parce que j'ai moins de temps pour l'entrainement, moins d'énergie aussi ? Parce que j'ai changé de région et que je n'ai plus mes habitudes de course? Parce que j'ai des étourdissements à répétition? Un peu pour toutes ces raisons. Mais ça me manque. J'ai peine à croire que j'ai déjà réussi, avec mon amie Mireille, à courir 21 kilomètres sans marcher une seule seconde. C'était à Rimouski, pendant le marathon, où je n'ai ensuite ralenti qu'aux points d'hydratation. Aujourd'hui, quand je réussis à courir deux minutes sans marcher, je crie victoire. Et mes sorties ne dépassent pas six kilomètres, quand tout va pour le mieux et qu'il ne fait pas trop chaud. Je suis loin de ce que je faisais il y a cinq ans à peine...


Ce matin, je suis partie avec mes espadrilles et mes écouteurs. J'ai mis ma vieille liste de musique et je me suis laissé porter par la fraicheur automnale. Comme d'habitude, après presque deux minutes, l'idée de marcher s'est insinuée dans ma tête. Je m'apprêtais à ralentir quand j'ai croisé un homme qui prenait sa marche d'un pas assuré. Quand il m'a vue, il a dû percevoir tout l'effort que je mettais à courir, car ses yeux se sont illuminés et il m'a encouragée d'un large sourire et de deux pouces en l'air. Moi qui avais déjà commencé à ralentir le rythme en prévision de mon arrêt, j'ai immédiatement changé mes plans: j'ai accéléré pour reprendre mon rythme de croisière. Je ne pouvais pas décevoir mon unique supporteur sur le parcours!


Je me suis dit que je courrais encore, au moins le temps d'une chanson. Puis une deuxième chanson a joué dans mes écouteurs, et une troisième, jusqu'à ce que j'arrive au coin de ma rue, à la fin de mon parcours. Contre toute attente, j'ai réussi, ce matin, à courir 25 minutes sans marcher.


Si vous saviez l'effet que ça me fait!


Cet inconnu, marcheur retraité du dimanche qui arpentait le boulevard des Mille-Iles, n'a aucune idée de tout le bien qu'il m'a fait aujourd'hui par ses encouragements silencieux. Je pensais tout abandonner pour marcher, et il a réussi à me faire réaliser ce que je n'avais plus espoir de faire. On ne se connait pas, et on ne se reverra problablement jamais plus.


Quand j'y pense, imaginez tout le pouvoir d'un enseignant devant un jeune qui veut abandonner ou qui est découragé! Imaginez tout le pouvoir d'un parent devant son enfant qui n'attend qu'une parole d'encouragement! Et si on était ce supporteur du dimanche pour eux ?





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