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Les griffes de l'école....

  • Photo du rédacteur: Roxanne Harvey
    Roxanne Harvey
  • il y a 5 jours
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 5 jours



La responsabilité de nos actes
La responsabilité de nos actes

À la veille de mon premier accouchement, je sortais d'un cours à l'université quand ma prof m'a lancé : « Quand tu vas accoucher et qu'on te mettra ton bébé pour la première fois dans tes bras, tu passeras au stade 4 du développement psychoreligieux ». Je dois préciser que je faisais à ce moment un certificat en théologie puisque j'avais obtenu un poste comme enseignante de religion. Selon les questionnaires auxquels j'avais répondu, je nageais en plein stade 3, à mi-chemin vers l'étape suivante de mon développement.


Eh bien, elle avait misé juste !


L'infirmière m'avait à peine mis mon bébé dans les bras, on venait de faire connaissance, ma fille et moi, et je pleurais déjà en disant à qui voulait bien l'entendre «Je suis au stade 4!!!». Ce stade, c'est tout un choc si on le compare au précédent : je vous épargne l'explication religieuse... j'avais compris, à cet instant même, que ce petit humain ne m'appartenait pas : il avait toute une vie devant lui, avec des expériences à vivre, des choix à faire, des épreuves à traverser. Et j'ai réalisé, à cette seconde même, que je ne pourrais pas prendre les coups à sa place, ni apprendre pour mon enfant ou prendre des décisions pour elle lorsqu'elle serait en mesure de le faire. Ouch! Je venais de donner vie à un être si petit, fragile, vulnérable, et je comprenais que mon rôle était de le préparer à la vie, de l'outiller, de le supporter. Surtout, j'ai compris que je devrais accepter ses choix et leurs conséquences, car mon enfant venait de naitre avec la liberté de prendre des décisions par elle-même. Comme tous les enfants d'ailleurs...


Ce ne sont pas tous les parents qui ont compris cet aspect de la parentalité... Certains décident et contrôlent tout pour leur enfant dans l'unique but de le protéger, de lui éviter le pire, de lui fournir un environnement parfait. Mais ça, c'est pas la vraie vie. Plus tard, quand le jeune fait réellement ses choix par lui-même (parfois, de très mauvais choix), le parent continue de le couvrir, de le protéger à tout prix, toujours dans le but de lui éviter de vivre les émotions désagréables associées au fait d'assumer des conséquences. C'est noble et généreux, dites-vous ? Pas du tout ! Au contraire, c'est nuire au développement humain de son jeune ; c'est entretenir son nombril, son petit monde confortable ; c'est le refermer sur ses besoins égoïstes. C'est lui assurer un stress gargantuesque quand il se retrouvera seul à devoir gérer les conséquences de ses actes quand les parents surprotecteurs ne seront plus là.


C'est difficile, quand on est parent, de voir son enfant souffrir, échouer, commettre des erreurs et devoir en subir les conséquences. Mais n'est-ce pas de cette façon que vous avez appris, vous aussi ? De vos erreurs ? Ces mauvais choix, ces décisions hasardeuses et discutables, ils vous ont permis de vous ajuster, de mieux vous préparer pour le futur. Ils ont façonné l'humain que vous êtes présentement. En ce qui me concerne, c'est grâce à mes mauvais choix que je sais aujourd'hui où je vais, que je suis plus organisée, plus prévoyante, plus réfléchie. Je ne dis pas qu'un parent doive se taire et assister au naufrage de son enfant : il peut conseiller, discuter, expliquer... Mais, de grâce, une fois que son comportement est adopté, que ses paroles sont prononcées, que ses gestes sont posés, laissez-le apprendre ! Même si ça fait mal en dedans au parent que vous êtes. Même si, parfois, ça fait mal à l'orgueil parental.


Quand on voit tous ces parents hélicoptères surprotecteurs qui, peu importe le contexte, défendent bec et ongles leur progéniture et les enrobent de ouate triple protection, on comprend pourquoi le ministre de l'Éducation a envie de se mettre le nez dans le dossier du savoir-vivre. Et je l'en remercie sincèrement. En fait, l'école n'a pas trop le choix, il faut stopper l'hémorragie des petits rois. À trop vouloir éviter que notre enfant assume les conséquences de ses gestes, de ses paroles, de son attitude, on finit par créer chez lui des attentes royales irréalistes : « À mes pieds ! Je veux et j'exige ! » Le jeune remet en question tout commentaire qui le dérange, il s'oppose, il implose, il explose. Il se permet des propos déplacés, impertinents, menaçants. « Ben quoi ! J'ai le droit ! »


Non. Justement.

Petit, t'as pas le droit de dire ce que tu veux, sur le ton que tu veux ni à qui tu veux. Mais c'est pas ta faute, tes parents ne t'ont pas dit sur un ton sérieux que tu ne peux pas insulter tes amis, pas plus les adultes ou les inconnus. Même sur les réseaux, caché derrière un clavier. C'est pas ta faute, tes parents ne t'ont pas enseigné que la politesse est d'offrir ton aide, de ne pas couper la parole aux autres, que c'est aussi prendre soin du matériel qu'on te prête (même les guides de conjugaisons et le mobilier de l'école). Et je ne parle même pas des coudes sur la table ou de tenir la porte à l'autre qui entre... La politesse, le savoir-vivre, c'est pas mal plus profond. Mais c'est pas ta faute! Tes parents ont toujours cautionné tes actions, tes paroles, tes crises, tes erreurs. Ils ont pris les balles pour toi, ils ont mis la faute sur tes amis, leurs parents, la gardienne, les éducatrices, les profs du primaire, les profs du secondaire et tous les adultes qui ont osé reprendre leur précieux trésor. T'as pas appris à te mettre à la place des autres, t'as pas appris à assumer. Et le personnel de l'école, tout comme les directions, ont de moins en moins de pouvoir pour faire respecter de simples règles de savoir-vivre. On voudrait bien t'aider à les comprendre, ces règles que tu trouves injustes... Mais tes parents t'ont mené sur un autre chemin que celui du respect des règles sociales, préférant valoriser celles du nombril. Ils ont justifié tes erreurs pour te couvrir. Ils ne t'ont pas montré à prendre un pas de recul pour mieux évaluer une situation et changer de direction si t'avais pas pris la bonne.


Pauvre petit ! Mais l'école est là pour réparer les erreurs du passé. Du moins, elle travaille fort! Même le ministre de l'Éducation tente l'impossible. L'école, parce qu'elle fait des miracles, va te montrer tout ça, elle va prendre le relais de tes parents et tout régler. Jusqu'à ce qu'ils débarquent pour la remettre à l'ordre et venir te sortir des griffes du «méchant» personnel scolaire; jusqu'à ce que tes parents viennent nous dire de tout accepter sans punir, sans réagir. Parce que rien n'est ta faute, tsé... Et si on travaillait dans le même sens?

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