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Photo du rédacteurRoxanne Harvey

P comme Pas pire

Dernière mise à jour : 2 avr. 2020

Je suis une personne pas pire. Du moins, j'essaie d'évoluer depuis que j'ai l'âge de raison. Et dans ma mission d'enseignante, mon but ultime n'est pas d'annihiler toute trace de fautes d'orthographes en ce monde de communication. Ce serait utopique. Une pure folie. 




Comme prof, je souhaite ardemment que chacun de mes élèves, petit ou grand, bon ou moins bon, poli ou non, sage ou dérangeant... évolue un tantinet comme humain en quittant ma classe. Un peu plus de jugement par-ci, un soupçon d'empathie par-là; une meilleure gestion de ses stratégies grammaticales ou sociales... alléluia! Nous irons tous au Paradis à la fin de nos jours.


Et ils ne le savent pas, mais parfois, ce sont ces petits humains adolescents qui me font grandir. Ils contribuent à ce que je sois un humain pas pire.  Rien à voir avec l'âge, cette sagesse humaine... je l'ai constaté récemment.


Cette semaine, dans un magasin grande surface, j'attendais pour payer à la caisse.  J'étais la prochaine dans la file. J'avais hâte d'arriver chez moi après une  longue et intense journée de travail,  et mon estomac me criait à tue-tête d'aller souper au plus vite.  Un homme d'âge mûr, à l'air sage, s'est approché dans la file, derrière moi.  Avec sa chevelure et sa moustache grises, il avait des airs de Père-Noël; je lui ai souri. Il m'a rappelé que Noël, c'est bientôt, avec les vacances, les bons moments entre amis et en famille. Pendant que les haut-parleurs crachaient leur musique habituelle de Noël, les employés s'évertuaient à replacer les articles laissés çà et là par les clients pressés. Une mère et sa fillette sont venues allonger la file. 


La cliente devant moi déposait lentement ses articles devant la caisse. C'était long. J'ai eu le temps d'observer le contenu de nombreuses rangées des rayons de ce magasin grande surface. J'ai fait dans ma tête ma planification du lendemain, j'ai même élaboré une liste d'épicerie virtuelle en attendant que la cliente devant moi finisse enfin par finir de payer ses articles.  «C'est pas grave, que je me disais. Ça pourrait être pire! Ma vie ne va pas s'écrouler parce que j'attends longtemps dans la file d'une caisse. Ce sont mes premiers achats des Fêtes, patience!»  


Je suis restée zen, parce que je suis un humain pas pire. 



Et l'homme derrière moi, le Père-Noël, s'est énervé:  «Envoye! invite-la donc à souper, criss! J'ai pas juste ça à faire, moi, d'attendre! Invite-la à souper!»  Il s'époumonait derrière moi, beuglant à l'employée d'accélérer.  La cliente, elle, comptait sa monnaie pour savoir si elle avait suffisamment d'argent pour acheter le peu de nourriture qui attendait sur le comptoir. Quant à la caissière, elle tentait de l'aider et lui disait ce qu'elle devait enlever. 

J'avais envie de me retourner et d'offrir une tisane à la camomille à cette désagréable boule d'impatience.  Je me suis contentée de soupirer. Surtout, ne pas me laisser envahir par sa mauvaise humeur. Parce que lui, il est pas encore rendu au stade de l'humain pas si pire. Si voir une dame compter ses sous pour manger  à l'aube de Noël te donne des boutons d'impatience, c'est que t'as un peu de travail à faire sur ta personne. 

Paragraphe

Monsieur, prenez donc un peu du temps des Fêtes pour vous demander comment recevoir toute cette impatience et en faire quelque chose d'utile ou de bien... c'est comme ça que, un pas à la fois, on finit par devenir un peu meilleur... pour changer le monde autour de soi. Surtout à Noël. 



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