Je l’ai laissé me manger toute crue. Je l’ai laissé s’insinuer dans ma tête, dans mon horaire, mais heureusement pas dans mes convictions profondes. Ce tyran, ce responsable de tous les échecs de ce qu’on n’a pu réaliser: le-manque-de-temps.
J’arrive de courir. Pour la première fois depuis 8 jours. Y a pas de quoi s’énerver, direz-vous. Moi qui cours ou qui bouge normalement 5 à 6 jours par semaine, j’ai laissé le-manque-de-temps gérer mon agenda. Je l’ai laissé gérer les 192 heures à ma disponibilité durant ces 8 jours. J’ai remis mes corrections au lendemain, au surlendemain, puis à je ne sais trop quel jour plus tard. Ça s’est empilé. Et je me sens mal d’avoir à gérer tout ça maintenant. Puis j’ai vu mes espadrilles, j’ai eu besoin de sortir, mais j’ai regardé ma montre, mon agenda, et j’ai remis mes sorties au lendemain, au surlendemain, et à je ne sais trop quel jour plus tard. Parce que le moment de l’année de la prof que je suis est pas mal intense depuis quelques semaines.
Mais ce qui m’a sauvée, c’est mon envie profonde de bouger, mon objectif principal: être en forme et en santé. Alors j’ai pris mon épée, ce matin, je me suis levée plus tôt et j’ai combattu ce manque-de-temps. Je l’ai écrasé comme un vulgaire insecte nuisible indésirable. Et je me sens bien. J’ai retrouvé l’énergie qui m’a abandonnée il y a 8 jours. J’ai compris que plus jamais je ne laisserai le-manque-de-temps couper autant dans mes priorités.
Les journées ont 24 heures pour tout le monde. Ben oui. Et on n’y peut rien. Certains les gaspillent, les trouvent interminables, auraient envie d’en donner à d’autres. Mais ils sont pris avec ces 24 heures. D’autres sont en manque flagrant de minutes, d’heures, de journées.
Dans ce cas-ci, on a le pouvoir de changer quelque chose; on peut faire des choix, établir des priorités.
Si mon projet de garder la forme est si important, il m’habitera, me collera à la peau. Il sera toujours la petite voix qui m’aide à choisir ce qui entre dans mon agenda. C’est dès qu’on accorde moins de pouvoir à nos projets de première importance qu’on perd de la motivation, qu’on abandonne peu à peu.
Et c’est précisément là qu’on finit par se décevoir soi-même.
Quand quelque chose nous tient réellement à cœur, on réussit à y consacrer du temps. Ce temps qui file si vite avec les années. Incapable de tenir une résolution? C’est sans doute parce qu’elle n’est pas suffisamment importante. Ou parce qu’on en a trop, de ces résolutions qui demandent du temps.
C’est là qu’il faut faire des choix.
Moi, je choisis assurément de garder la forme. Pas de devenir une Ironman ou une championne olympique. Seulement me garder quelques minutes par jour pour aller marcher, rouler, courir ou m’entraîner.
Perdre du poids, manger mieux, travailler moins, passer plus de temps avec sa famille, se garder du temps pour soi, faire de l’exercice, apprendre une nouvelle langue, voyager, acheter une maison, changer d’emploi, mieux gérer ses finances, encadrer davantage sa progéniture pour éviter de crouler sous la fatigue et à la folie, combattre l’envie de sucre… Quel est votre objectif qui résistera au manque-de-temps?
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