T comme trop plein

Le système d'éducation est fragilisé. Mince. Il ne tient qu'à un fil. Et je ne parle pas que des écoles... Je vise l'éducation des jeunes au sens large, de la maison jusqu'à l'âge adulte.

Je sais, les plus vieux diront que,

de tout temps, on critique l'éducation des jeunes: trop permissive, trop sévère, trop libérale, trop contrôlante... C'est tout à fait normal de chercher sans cesse la meilleure façon d'éduquer les jeunes, car c'est une mission tellement complexe! Travailler avec des humains, ça demande une adaptation constante et une compréhension des réactions individuelles. On veut que nos jeunes s'épanouissent sans être étouffés.

Ouf! Pas facile... On dirait que le retour du balancier s'effectue rapidement et que le balancier ne reste pas longtemps en équilibre...

Le secret d'une éducation réussie, il n'est pas sorcier: comme adulte, se laisser guider dans nos interventions par des principes de respect de l'autre et de soi, de communication bienveillante et, surtout, laisser son égo de côté. Si on enseigne à notre enfant ou à notre élève à se mettre à la place de l'autre, le jeune développera une capacité à juger par lui-même de ses comportements et de ses réactions. Et à 16 ans, il n'aura plus besoin de se faire dire d'être poli quand il s'adresse à un surveillant d'élèves, à la bibliothécaire, à son enseignant ou à son parent. Il n'aura plus besoin qu'on lui rappelle de ramasser ses déchets, de prendre soin des biens publics. Tsé, me semble que c'est évident... alors pouquoi ça ne fonctionne pas? Pourquoi doit-on gérer à l'école ou au service de garde des enfants qui se croient tout permis, qui sont supportés par leurs parents dans leurs gestes de violence ou leurs paroles irrespectueuses?

Peut-être que l'autre secret, qui, lui semble s'être perdu, c'est que ça demande aussi un investissement de temps et d'énergie, d'inculquer le savoir-être à un enfant ou à un élève. Le jeune n'arrive malheureusement pas au monde déjà éduqué. Il doit apprendre de ses parents les comportements qu'on attend de lui. Et ce n'est pas devant un écran que ça se passe: c'est avec l'exemple que sont les parents et les adultes qu'il côtoie, c'est dans l'action, avec de la rétroaction, des discussions que le jeune apprendra à se comporter en humain agréable à côtoyer. Ça prend un cadre. Vous savez, un cadre, c'est ce qui permet d'indiquer les limites de l'acceptable, ou ce qu'on ne devrait pas dépasser dans nos réactions, nos mots, nos gestes. Mais le parent d'aujourd'hui est occupé et a peu de temps ou d'énergie à placer et à faire tenir ce cadre... Il est peut-être aussi dépassé, le parent d'aujourd'hui... Reste que s'il n'agit pas très tôt, il devra ramasser les pots cassés et se buter à un système d'éducation qu'il ne comprend pas et qu'il perçoit comme injuste pour son enfant. Parce que, à l'école, le respect de l'autre sera toujours exigé (respect des autres élèves, de l'enseignant, des surveillants, du concierge, des T.E.S., du chauffeur d'autobus, du technicien en informatique...). Et à l'école, les insultes lancées parce que le petit n'est pas content ne sont pas acceptées, même si elles le sont à la maison. Malheureusement, de plus en plus, c'est aussi aux adultes qu'il faut rappeler quelques règles de politesse et de savoir-vivre. Au comptoir postal, dans tout service public, on peut d'ailleurs lire des affiches annonçant que vous ne serez pas servi si vous avez un langage irrespectueux envers les employés. Ça, c'est inquiétant!

Un enfant à qui on permet tout à la maison , qui n'a pas de limites et à qui les parents consacrent toute leur attention (ou aucune attention), ça donne des comportements inacceptables dans une société civilisée. Les éducateurs, les enseignants et tous ceux qui côtoient les jeunes sont épuisés d'avoir à intervenir pour des comportements qui ne devraient pas se manifester si le travail des parents était plus soutenu à la base.

Le système est fragile, et le verre n'est pas à moitié vide, il est plein.